Le fait que les troupes envoyées par le Pape sous le commandement de Diego d’Aguileja n’arrivent pas entretient par ailleurs la rébellion chez les Suisses. Jusqu’au bout, François Ier essaye de négocier financièrement la paix, comptant notamment sur l’impact psychologique de la défection de trois cantons.

Le Cardinal Matthieu Schiner  (1456-1522), Prince-Évêque de Sion

Le Cardinal Matthieu Schiner (1456-1522), Prince-Évêque de Sion

Le cardinal de Sion, Schiner, tient bon cependant  et  déplace ses hommes  sur la route de Lodi, espérant faire jonction avec des renforts venus de Florence. Pendant ce temps, un contingent de Zurichois quitte la Suisse pour le rejoindre, ils rencontrent en route ceux qui se sont retirés et 20 % d’entre eux décident de renoncer à l’aventure.

François Ier  arrive le 31 août avec son armée au camp de Bufarola, non loin de Milan. Les Milanais tendent alors un piège aux Français en faisant semblant de leur fournir de la nourriture pour négocier la paix, les charrois défendus par une unité de cavalerie de Gian Giacomo Trivulzio  sont alors pris en embuscade par des italo suisses. François Ier fit cher payer cette trahison aux Milanais en faisant détruire tous les moulins du plat-pays et saboter les canaux.

 

Le camp des Suisses est début Septembre à Vercelli et là encore demeure un espoir de paix négociée mais les exigences financières et territoriales des Helvètes sont inacceptables pour François Ier qui fait une contre proposition : 12 000 livres pour Massimiliano Sforza et un mariage avec une princesse de France, pratiquement un million de livres pour les Suisses mais en aucun cas il ne souhaite leur laisser des vallées du Piémont.

Le cardinal Schiner, met ce temps de négociation à profit pour appeler auprès de lui des renforts de Vérone, commandés par l’Espagnol Ramon Cardona. François Ier réagit en envoyant à Plaisance contre cette troupe l’avant garde du Connétable de Bourbon. Le 9 septembre, cependant, des députés des cantons Suisses acceptent une proposition financière du Roi de France et sont prêt à recevoir la rançon promise à Gallarate. Mathaus Schiner, furieux de la trahison de ses compatriotes, convoque un conseil à Monza. S’y retrouvent l’aumônier Ulrich Zwingli, Galeazzo Visconti et le nonce du Pape, Umberto da Gambara qui rappellent que les députés n’ont pas autorité pour signer un traité.

Le 10 septembre, l’armée française établit son camp près de la petite ville de Melegnano (Marignan), entre Milan et Lodi, sur l’ancienne Via Emilia. Le 12 septembre, l’armée se met lentement en marche vers Milan mais fait étape une lieue plus loin au hameau de San Giuliano.

 

Plan de la bataille de Marignan

Plan de la bataille de Marignan

 

 

Le paysage du lieu est assez plat, vignes et champs sont traversés de multiples canaux qui sont autant d’obstacles pour la progression des troupes. Le Roi s’installe dans l’abbaye locale de Santa Brigida. À main droite de la route principale se trouve une importante rivière : l’Ambro (aujourd’hui Ombro).

Le 13 au matin, à Milan, le cardinal Schiner ne peut compter que sur les cantons de Zurich, Uri et Lucerne, les autres étant plus indécis. L’avant garde française commandée par la Trémoille vient au contact de l’armée Suisse et se produisent alors quelques escarmouches. Ce prétexte suffit au Cardinal de Sion pour motiver ses compatriotes face au danger de la capture de la ville. Il savait par ailleurs que François Ier ne disposait plus que d’une partie de son armée (environ 30 000 hommes), des escadrons l’ayant quitté pour Gallarate ou Alexandrie et Novare. Schiner promet à ses soldats une solde mirifique payée par Maximilien Sforza, par le Pape et le Roi de Naples. Les bataillons suisses et italiens se mettent alors en marche sur la Via Emilia. Le Roi de France est bientôt averti alors qu’il est en train de déjeuner.

Lansquenet

Lansquenet (par Vivien-Laur Bergez)

 

Les forces qu’alignent les Suisses sont moins équipées que l’armée française : à peine une dizaine de pièces d’artillerie, une cavalerie limitée à quelques centaines d’unités et pour l’essentiel, des fantassins faiblement cuirassés mais armés de la reine des batailles helvétiques : la pique de 4m50 de long. Les carrés de piquiers et de hallebardiers (organisés en trois colonnes de 7000 hommes) marchent au son des tambours des fifres mais les signaux d’attaque sont donnés par les terrifiantes trompes de montagne caractéristiques des Helvètes. Ils se mettent en ordre de bataille au  Nord  de San Giuliano avec au centre le corps des cantons d’Uri, de Schwig et d’Unterwald, flanqués de la cavalerie milanaise, sur l’aile droite les cantons de Zurich et des Grisons (entre autres) et sur l’aile gauche les cantons de Bâle, Lucerne et de Schaffhouse ainsi que des volontaires de Berne et Fribourg.

En face, sur la rivière d’Ambro, les Français disposent de 64 grosses pièces d’artillerie et 200 fauconneaux. Leur avant garde commandée par Bourbon, se place sur la ligne de défense d’un canal majeur, la Roggia Viscontea. Chaque compagnie a un prestigieux capitaine : Florange (200 lances), Chabannes, Bonnivet et Trivulzio Les lansquenets de Bourbon sont au devant pour absorber le choc, les  Français du Nord, eux, sont le long de l’Ambro. Les 6000 Gascons et Basques du capitaine-ingénieur Pedro Navarro se rangent le long de la via Emilia. Derrière eux, à la Casine de Carlotta, se tient le principal corps de bataille commandé par le Roi en personne et à l’arrière garde 8000 hommes commandés par d’Alençon et d’Aubigny attendent en réserve.

 

Sources :
Pascal Brioist, Professeur des Universités et membre du CESR