Lettre de Stazio Gadio, secrétaire de Federico Gonzague, à la marquise de Mantoue, 31 mai 1516.

Au printemps 1516, François Ier se rend en pèlerinage de Lyon à Chambéry afin de voir le Saint Suaire en Savoie. C’est un exemple rare, où le roi porte une tenue entièrement à sa couleurs : blanc, noir tanné (P. Antonini). Stazio Gadio décrit précisément la vêture royale parce que son jeune maître, Federico Gonzague, fils d’Isabelle d’Este, marquise de Mantoue (Italie,) porte le même habit que le roi lors de son séjour à la cour de France.

« Le Roi Très Chrétien ayant décidé d’accomplir un de ses vœux et d’aller à pieds à Chambéry pour voir le Saint Suaire du Christ, il revêt un pourpoint et un col faits de velours noir sur la moitié droite, et sur la moitié gauche, de velours noir tailladé qui laissait apparaître du velours tanné, et de drap d’or sur champ tanné ; chacune des deux moitiés est ornée de fils, la moitié noire de fils d’or et la moitié tannée de fils d’argent. La doublure est tirée à travers les taillades. Sa chemise est à l’allemande, avec un col haut travaillé de soie blanche. Les chausses sont de même couleurs que le pourpoint : la jambe droite est toute noire, la gauche à moitié noire vers l’intérieur, et l’autre moitié est faite de drap blanc et tanné. Le haut de chausse de droite est couvert de velours noir tailladé et doublé de drap d’or tanné ; jusqu’au genou la chausse est de velours noir, tailladée et doublée de toile qui dépasse des crevés figurant ainsi une chemise. Le haut de chausses est couvert sur la partie gauche de velours tanné tailladé qui laisse apparaître la toile d’argent utilisée comme doublure. Les deux chausses sont tailladées à la suisse, mais à deux endroits à l’extrémité de la chausse et sur les genoux, et les taillades sont cousues de petits points de fils d’or. Aux pieds, il porte des escarpins de velours noir à la française. Sur la tête, il arbore une coiffe d’or et dessus un béret blanc passementé de drap d’or tanné, avec un grand panache à la suisse, la moitié droite étant constituée de plumes noires et la moitié gauche de plumes tannées et blanches. Il porte au côté son épée à poignée d’argent et fourreau blanc sur une ceinture blanche et tannée. Il porte à la main un grand bourdon (…). Il est ainsi vêtu, en compagnie de nombreux seigneurs et gentilshommes habillés des mêmes livrées et devises, mais de différentes façons selon leur fantaisie, plus ou moins riches (…) »

Source : Raffaele Tamaglio (ed.), Federico Gonzaga alla corte di Francesco I di Francia, nel carteggio privato con Mantoua (1515-1517), Paris, Honoré Champion, 1997, p. 246-247.

  

Un exemple de contenu d’une garde-robe masculine aristocratique en 1517

Dans un mandement du 9 janvier 1517, Louis II de la Trémoille demande qu’on lui envoie des vêtements qu’il a laissés dans sa résidence de Thouars. Il ne s’agit que d’une partie de sa garde-robe mais des plus belles pièces. On relève le goût de Louis II pour les couleurs vives et pour les tissus or et argent ; les étoffes jaunes et blanches sont assez rares mais se rattachent à ces couleurs ; le noir est aussi très présent.

Douze robes et dix-huit pourpoints, tous faits de riches tissus (satin velours, taffetas, camelot et toile d’or et d’argent) ; un pourpoint de satin blanc, chamarré de drap d’or et doublé de taffetas noir ; un pourpoint de satin cramoisi bordé de drap d’or ; une robe de satin gris doublée de satin violet ; une robe de damas gris à carreaux, fourrée de martre ; une robe de velours violet avec six boutons d’or aux manches ; une robe de toile d’or à carreaux, doublée de satin noir avec douze fers d’or aux manches ; deux sayes de velours noir à pointes de toile d’or ; deux manteaux de serge et d’écarlate ; une chamarre fourrée d’agneau ; des chausses en estamet (laine légère) blanche, rouge, écarlate ou violette, parfois recouvertes de velours noir ; des bonnets de velours noir ou cramoisi ; un bonnet écarlate avec une enseigne d’or ; deux chapeaux (cramoisi, gris) garnis de plume.

 

Sources :

Laurent Vissière, Louis II de la Trémoille (1460-1525), Paris, H. Champion, 2008, p. 318 et Pauline Antonini, Le costume à la cour de François Ier. Luxe et apparat à la renaissance, thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe, Ecole des chartes, 2013, p. 207.