L’hypothèse selon laquelle Léonard de Vinci a été l’un des scénographes de la fête de 1518 a été soutenue par Edmondo Solmi vers 1900 puis par Carlo Pedretti et Luca Garai. Pascal Brioist, dans son Léonard, homme de guerre (2013), défend la même théorie et souligne qu’en outre il y eut probablement deux précédents à Milan pour des pas d’armes organisés pour Louis XII à l’occasion de la célébration des victoires de Gênes et d’Agnadel. A Amboise, Léonard collabora avec Dominique de Cortone qui travailla jour et nuit à la fabrication du château factice que des canons devaient ruiner. Le nom de Dominique de Cortone apparaît dans les sources de la comptabilité royale (AN, KK) et dans le Codex Atlanticus.
Plusieurs machines léonardiennes en rapport avec l’année 1518 ont été reconstruites sous forme de modèles à diverses échelles. Luca Garai a par exemple imaginé d’après les dessins de Léonard l’aspect qu’aurait eu le dispositif pour lancer des boulets factices depuis le bastion. Michel Campana, quant-à-lui, a reproduit à échelle 1/1 l’un des tournebroches (à poids) dessinés par Léonard de Vinci dans le Codex Atlanticus, le rendant parfaitement fonctionnel. Il s’est également risqué à formuler une hypothèse du lion mécanique automate construit par Léonard pour la fête célébrant la victoire de Gênes qui était probablement présent à Amboise en 1518, sachant qu’il fut utilisé quelques mois plus tard pour une fête donnée à Argentan. Comme aucun dessin du lion de la main de Léonard n’a survécu, il a fallu imaginer ce qu’il aurait pu être en se servant des descriptions qui en ont été données par Giorgio Vasari et d’autres puis combiner des éléments mécaniques simples (voir ici quelques exemples) qui, eux, se trouvent bien représentés dans les codices du maître.
Giorgio Vasari peintre de Come Ier de Médicis, au milieu du XVIe siècle, et fameux historien de l’art, publie dans les années 1550 un ouvrage intitulé, Le Vite de più eccellente pittori, scultori e architettori (Les vies des plus illustres peintres, sculpteurs et architectes). Dans le chapitre consacré à Léonard de Vinci, il évoque un lion mécanique.
Le Roi de France, étant à Milan, pria Léonard de lui faire quelque chose d’étonnant et de bizarre. Léonard imagina de fabriquer un lion, qui après avoir marché quelques pas, s’ouvrit la poitrine que l’on vit pleine de lys.
Piero Parenti auteur de la fin du xv e et du début du xvi e siècle, relate l’histoire de la ville de Florence. Bien que son œuvre soit inachevée, une des notes devant servir à son dernier livre mentionne également le lion mécanique de Léonard de Vinci.
Quand le roi entra dans la ville de Milan, Léonard de Vinci, le célèbre peintre, notre Florentin, imagina le divertissement suivant : il représenta un lion au-dessus de la porte, qui était couché. Il se mit sur ses pattes quand le roi entra dans la ville et, avec ses pattes, il ouvrit sa poitrine et en sortit des balles bleues pleines de lys d’or qu’il jeta et répandit sur le sol. Après cela, il sortit son cœur, appuya dessus et des lys d’or en sortirent. Le roi devant ce spectacle pris beaucoup de plaisirs.
Source : Jill Burke, « Meaning and Crisis in the Early Sixteenth Century: Interpreting Leonardo’s Lion », Oxford Art Journal, Vol. 29, No. 1 (2006), pp. 79-91).