Rabelais, abordant l’éducation de Gargantua par l’écuyer Gymnaste, décrit le jeune homme exerçant son corps aux jeux de balle et de paume puis, montant, armé de pied en cap, toutes sortes de chevaux de guerre, les faisant voltiger et sauter ou exécuter des figures. Il le montre ensuite rompant toutes sortes de cible de sa lance, pratiquant le jeu de la hache, branlant la pique, sacquant l’épée à deux mains, bâtarde, la rapière, la dague ou le poignard, chassant toutes sortes d’animaux, luttant, courant, soulevant des haltères, nageant, escaladant des arbres ou des maisons, jetant le dars, la pierre, l’épieu, la javeline ou la hallebarde, tirant à l’arc ou à l’arquebuse, servant même une pièce d’artillerie. Au delà de l’exagération rabelaisienne et de l’humour de ses listes interminables, on reconnaît là l’éducation d’un prince et sans doute celle du jeune François d’Angoulême lui même.
Les exercices proposés sont en effet très proches de ceux proposés par Pietro Monte dans ses Collectanea (1509) pour la formation chevaleresque. Or, Pietro Monte avait entraîné le grand Ecuyer de France nommé par Louis XII, Galeazzo da Sanseverino et il y a fort à parier que les maîtres d’armes et d’équitation de François Ier, dont on ne connaît malheureusement pas les noms, étaient italiens tels ce fameux « voltigeur de Ferrare » cité par Rabelais, et qu’ils pratiquaient une escrime proche de celle de Pietro Monte ou Fiore de Liberi. Depuis son plus jeune âge, à Cognac et Romorantin, François Ier s’entraînait aux tournois et à la chasse mais depuis sa résidence à la cour d’Amboise, il fréquentait assidument une petite bande de guerriers de ses amis nommés Robert de la Marck (dit l’Aventureux), Guillaume de Bonnivet, Jacques de Chabanes, seigneur de la Palisse ou encore Louis de la Trémoille. En 1514, à Abbeville, à l’occasion du mariage de Louis XII, c’est avec eux qu’il participe à des joutes en l’honneur de la belle princesse anglaise reine de la noce. En 1519, il ne peut résister au plaisir de répondre au défit de modestes gentilshommes et part jouter contre eux à l’Isle Adam avec en guise de compagnons Anne et François de Montmorency, Georges d’Amboise et Jacques Do. En 1520, lors de la rencontre du camp du drap d’or, il brise 13 lances sur 32 courses, presque aussi bien qu’Henry VIII qui en rompt 14. Le jeu est violent, au deux tiers de la course du cheval, alors que celui-ci est lancé à 40km/h, le jouteur incline sa lance afin de faire coïncider l’alignement de son fer avec la ligne visuelle de l’impact choisi. Le choc encaissé par l’armure et largement par la selle et le cheval est celui d’une rencontre à 80 km/h. Les blessures ne sont pas rares.
François Ier aime les démonstrations de violence, en 1517, ne défonça-t-il pas une porte du château de Blois parce qu’on ne lui apportait pas la clé suffisamment rapidement ? A Amboise, n’avait-il pas achevé à l’épée un sanglier égaré qui était monté dans les étages et menaçait les dames de la cour ? François est en effet aussi amoureux de la vie au grand air et de la chasse, sorte de répétition des tactiques de la guerre. A Marignan, il a l’occasion de montrer son ardeur au combat, c’est du moins l’idée que véhiculent ses lettres à sa mère et plus tard les écrits de ses propagandistes. Il serait, selon ses propres dires, demeuré jour et nuit « le cul sur la selle, la lance au poing, l’armet sur la tête ». Il participa cependant aux multiples charges contre les piquiers Suisses et défendit l’artillerie qui se repositionnait. Pierre Sala, auteur des Prouesses de plusieurs Roys (1517) le décrit repoussant 7 suisses entourant son cheval. S’il est bien difficile de démêler le vrai du faux dans ces écrits de propagande, notons que tous les témoins s’accordent à saluer l’endurance et la vaillance du jeune Roi. Quant à l’épisode de Bayard armant son souverain chevalier sur le champ de bataille, il est inventé de toutes pièces par Symphorin Champier, biographe de Bayard, afin de justifier aux yeux du dauphin Henri la capture du Roi son père à Pavie, conséquence de son attitude chevaleresque.